Renault Trucks condamné

de Fanny Doumayrou

C’est un coup de canif dans l’emploi abusif d’intérimaires. Vendredi 14 octobre, le conseil des prud’hommes de Lyon a donné raison à quatre intérimaires qui ont attaqué la direction de Renault Trucks (ex-RVI) de Vénissieux, pour utilisation abusive de l’intérim. Le tribunal a requalifié leurs contrats d’intérim en CDI, et condamné Renault Trucks à verser à chacun environ 9 000 euros de dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Comme la plupart des usines du secteur automobile, Renault Trucks emploie une forte proportion d’intérimaires : en mai dernier, on comptait 676 intérimaires pour 1 085 ouvriers en CDI. En 2003, ces quatre intérimaires avaient décidé d’agir en justice après avoir découvert que leurs contrats étaient « bidon », puisque le motif de recours à l’intérim invoqué par la direction était le remplacement de salariés qui travaillaient en même temps qu’eux sur la chaîne. Dès que la direction a connu leur démarche, elle n’a pas renouvelé leurs contrats. Un an plus tard, l’un d’entre eux a postulé chez Bosch, où on lui a fait comprendre que s’il voulait travailler, il ferait mieux de renoncer à son action en justice contre Renault Trucks. « Nous avons découvert que les boîtes d’intérim et toutes les DRH des grosses boites sont de mèche, c’est à partir de là que nous avons créé le collectif emploi CGT contre l’intérim », raconte Mohamed Brahmi, délégué CGT chez Bosch et animateur de ce collectif (voir l’Huma hebdo du 19 juin 2005). « Cette première victoire aux prud’hommes va ouvrir des portes, donner des idées aux autres intérimaires pour qu’ils fassent respecter leurs droits, surtout le droit d’avoir un emploi fixe et décent », espère le cégétiste.

Sur les quatre grosses entreprises de la métallurgie de la banlieue lyonnaise (Renault Trucks, Arvin Meritor, Koyo-SMI et Bosch), le collectif a recensé 1 500 intérimaires pour 3 000 ouvriers en CDI. Dans la métallurgie en Rhône-Alpes, le nombre d’in- térimaires s’élève à environ 10 000, selon la CGT. Le collectif organise le 9 décembre prochain un « forum pour l’emploi » rassemblant les salariés d’une quarantaine d’entreprises de la métallurgie rencontrant les mê- mes problèmes de précarité. L’objectif est de mobiliser, par l’action collective et juridique, pour obliger les directions à effectuer des vagues d’embauche de salariés précaires.

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