Un vieil article qui reste d’actualité : "Sarkozy l’Italien"
![]() de Roberto Ferrario ![]() jeudi 9 avril 2009
Le meurtre perpétré par les fascistes de Sergio Argada le 20 octobre 1974 a Lamezia Terme
de Bellaciao
Avertissement -
Comme vous le savez peut-être, nous sommes un collectif Franco-Italien.
Nous avons toujours un œil sur la vie politique italienne et l’autre sur la vie politique française.
Dernièrement, nous sommes souvent troublés par les nombreuses coïncidences, par les échos, que l’on trouve d’une ou de l’autre chez le voisin (...)
![]() ![]() ![]() Franca Maï : L’écriture est avant tout un rituel jubilatoire une interview de Marc Alpozzode : Marc Alpozzo vendredi 14 avril 2006 - 11h02 - ![]() ![]() de Marc Alpozzo
Une semaine plus tard, je recevais une lettre du Cherche-Midi qui me parlait de cette nouvelle particulière en me demandant également si j’écrivais un roman. J’ai donc plongé avec frénésie dans ce qui était pour moi, un encouragement et un signe du destin. Pendant que j’achevais Momo qui kills, en parallèle, j’imaginais d’autres nouvelles que j’envoyais aux deux éditeurs respectifs. Ca me reposait la tête et me faisait prendre un peu de distance avec le personnage principal Momo qui était parfois, très obsédant. Et puis... J’ai rencontré mes interlocuteurs en chair et en os et j’ai senti que mon nid était au Cherche-Midi, en la personne de Pierre Drachline, écrivain, critique et directeur littéraire. La qualité d’écoute et le respect du travail de l’écriture sont exceptionnels chez cet homme d’une autre époque. Son intégrité également. J’ai conscience de vivre un moment mythique et rare.
Je crois que ma littérature trouve son haleine dans un rythme musical. D’ailleurs, j’accouche toujours des mots en osmose avec la musique poussée à son extrême. Les tympans remplis de Led Zeppelin, Patti Smith, P.J Harvey, Léo Ferré ou Wagner... tout dépend de l’humeur.
J’ai horreur du gras, des fioritures et des phrases creuses qui comblent un vide créatif. Quant à la brutalité... Mes personnages sont sur le fil du rasoir. L’animalité leur sert de carapace mais ce sont des êtres profondément blessés et trahis. Ils portent une tendresse sous-cutanée, invisible à l’œil nu.
La chair chez Houellebecq est triste, inodore et industrialisée, celle de mes romans est carnassière, sensuelle et jubilatoire.
Momo n’est pas né violeur. A la suite du départ de sa femme et de sa fille, il côtoie le lent processus de la dérive et développe par réaction, une haine implacable de la femme, dans toutes ses déclinaisons. Car même si son équilibre affectif était, somme toute précaire, il reposait tout de même sur la trinité : couple et enfant de l’amour. Seulement, lui ne le savait pas. C’est lorsque Mata, sa femme, le quitte entraînant dans son sillage leur fille, Buni, qu’il commence à avoir des crampes d’estomac maudites. Les crampes du manque infernal. Souvent, à la suite de la publication de Momo qui kills, lors de salons littéraires, des lecteurs s’adressaient à moi en me disant : « nous étions persuadés que ce roman avait été écrit par un homme et que vous agissiez sous pseudonyme » Comme s’il existait une écriture dite féminine et une réputée masculine. A la fin, je répondais que j’étais un travesti. Ca réglait le problème. Il est aussi troublant de constater que personne n’arrive à détester Momo qui commet pourtant des actes détestables. Certains hommes me confiaient qu’ils se reconnaissaient dans un chapitre ou au travers quelques traits de son caractère. Et ils m’étaient reconnaissants d’avoir détecté des sentiments inavouables. Les femmes, par contre, ont une approche différente. Traiter du viol leur provoque une répulsion épidermique. Je précise que Momo qui kills ne fait absolument pas l’apologie du viol- comme j’ai pu le lire sous la plume d’une main aigrie et assassine. Soit elles rejettent d’emblée le roman sans en lire une seule ligne, soit elles dépassent leurs craintes et m’en parlent avec passion. C’est la force de ce roman. Vous n’avez pas à faire à un monstre ou à un psychopathe mais à un homme blessé dans sa viande. Un homme sincère. Un homme qui dérape dans les eaux troubles du mal. Pour ne pas rater son autodestruction. Pour Jean-pôl et la môme caoutchouc je voulais traduire l’idée qu’à un moment donné, la victime prend toujours le dessus sur le bourreau. Même si ce n’est que pour quelques secondes. Et résister, c’est rester vivant même au-delà de la mort. Le bourreau ne supporte pas la résistance. Elle le fragilise. Je souhaitais aussi montrer qu’un groupe d’hommes lâchés en meute dans une guerre ou ailleurs est une mine explosive de dangers et de pleutreries. Alors que les mêmes individus pris séparément peuvent se révéler doux comme des agneaux. L’influence du groupe se révèle fatale et démasque les bas instincts de l’humain. Et quand l’alcool est également de la partie !... La spirale glauque est difficilement contrôlable. Une soldatesque enivrée illustre l’apothéose du mal. La schizophrénie tolérée et encouragée au nom de la guerre, de la défense d’un pays ou d’un match de foot, est une hypocrisie asphyxiante. Et puis... J’ai un quart de sang vietnamien. On dit que les bridées sont cruelles. Je ne déroge pas à la règle... Houellebecq laisse entendre dans sa prose que les asiatiques sont les meilleures amantes du monde. Je ne déroge pas à la règle, non plus... Donc, ce mélange de doux et de cruel me convient tout à fait. (sourires)
Cette société non seulement regarde ce tabou en face mais le consomme cyniquement et activement via des voyages organisés dans des pays exotiques ou du tiers monde, en s’arrangeant avec sa conscience. Mais elle ne s’épanche jamais sur ses tares.
« Veux-tu avoir la vie facile ? Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui » Friedrich Nietzsche/ Ainsi parlait Zarathoustra Je préfère regarder le mal en face plutôt qu’il ne me prenne en traître. Apprivoiser sa part d’ombre est déjà lui faire plier le genou à terre.
F.M : J’entretiens un lien bizarre avec l’ultime tabou. C’est un roman que j’ai écrit en trois mois en 2004. J’ai entamé l’écriture avec ce questionnement précis : -comment peut-on survivre à la mort d’un enfant ?... C’était mon fil conducteur. Après, j’ai été dépassée par mes personnages. J’avançais réellement dans le noir, à tâtonner, à douter, à vomir avec eux. Je ne savais pas où ce voyage allait me mener, mais j’avançais. Je voulais trouver la brèche qui me mènerait vers la lumière. C’était vital. Je n’ai rien relu et j’ai envoyé le manuscrit à mon éditeur. Nous nous sommes rencontrés quelques jours plus tard autour d’un bon repas et j’avais dans ce laps de temps rédigé une autre fin. Nous avons opté pour celle-ci. Après, à chaque fois que je lisais le roman, j’étais en pleurs. C’était la première fois que cela m’arrivait. Je n’arrivais pas à contrôler mes larmes. J’avais les nerfs à fleur de peau. Incapable d’en parler avec des amis. Incapable de m’exprimer. Flirtant avec le silence. Déstabilisée. J’ai compris que cela réveillait certaines blessures que j’avais jusqu’ici occultées. Et je n’ai toujours pas trouvé la clef. Donc, je peux dire que je n’ai pas choisi le thème de la pédophilie mais qu’il s’est imposé à mon esprit, tel un venin insidieux. Le fait d’avoir également sculpté une fille et d’être maman me permet d’exorciser avec ce roman des angoisses intrinsèques inhérentes à l’avenir d’une femme en devenir qui, elle aussi, un jour mènera sa vie autonome dans une société très malade où les rencontres ne sont pas toujours celles que l’on souhaite. Lorsque je remplis mes pages blanches, je ne pense jamais aux réactions de rejet ou d’amour. C’est vraiment à l’antipode de mes pensées. Maintenant que ce roman est achevé, j’ai la trouille. Je ne sais toujours pas pourquoi je l’ai écrit. Il me dépasse. C’est à la fois vertigineux et déroutant. Mais pour en revenir à la pédophilie, je marquerai tout de même une différence entre :
Cet être-là différent, qui fonctionne hors normes,
Qu’un enfant soit troublé ou éveillé par une sexualité précoce me semble un cheminement d’ordre naturel. Qu’il exerce son pouvoir de séduction est normal. C’est à l’adulte d’indiquer la frontière à ne pas franchir même si l’enfant qui se trouve en face de lui est en recherche ou en curiosité sur sa sexualité. Là, réside le véritable amour. Outreau a été un carnage judiciaire. Des enfants ont menti pour protéger leurs géniteurs bourreaux.
Ils ont souffert dans leur chair et dans leur âme et ont tenté de transformer la réalité car leur quotidien était innommable. Les spécialistes de l’enfance avaient pour rôle de décrypter leurs appels désespérés. Ils ont failli à leur mission.
On ne parle jamais du manque d’amour. A force de répéter que tu n’es rien, tu deviens rien. L’individualisme poussé à l’extrême n’autorise plus l’échange convivial et désintéressé. Il engendre des êtres froids, calculateurs perclus d’esprits compétitifs, robotisés. Leur sésame étant le « Dieu-Argent » . Les humains se noient dans la course glacée d’une solitude forcée.
J’avais la sensation d’avoir des amis qui me comprenaient et avec lesquels je pouvais évoluer en toute confiance. Nous parlions la même langue. Je n’étais plus seule. J’avais ma tribu et je m’y sentais à l’aise.
Donc, l’avenir immédiat est un jeu de roulette russe, orchestré par des personnes aux rétines rivées sur des résultats et des chiffres.
Or, il faut bien comprendre qu’il faut du temps à la littérature pour atteindre les esprits sans cesse sollicités par des leurres, des mirages ou des impostures. Le cas de Breton qui n’a touché des droits qu’un an avant son départ avec la Grande faucheuse illustre le quotidien des écrivains. Etant donné que la tendance est aux gros groupes industriels - qui font main basse sur toutes les maisons d’éditons à l’aura libre - la littérature se retrouve sous le joug désormais de marchands de canon ou de scories du Medef, je crains qu’elle ne se métamorphose en leurs sortilèges plongeant les derniers mohicans dans un coma éternel. J’espère me tromper. Naviguer dans l’erreur d’interprétation.
Il a été également le terrain de rencontres importantes puisque des collaborateurs spontanés sont devenus non seulement des amis virtuels mais ont offert leur sensibilité, leur regard, leur différence, leur temps de liberté, leur analyse sur un monde en déroute. Toute cette énergie altruiste a porté ses fruits puisque la beauté du « NON » à la constitution a été époustouflante. Ce n’est pas la presse officielle rampante qui a insufflé ce sursaut démocratique mais bel et bien, les réseaux alternatifs du Net en réalisant un travail de fourmi, basé sur le bénévolat, l’échange, le partage, le dialogue et l’écoute.
Il faut - pour que cette échappée soit viable - une génération de lecteurs actifs, animés d’une curiosité dévorante. La littérature est un voyage singulier. Il y a ceux qui optent pour les voyages organisés et les autres. Mais après tout, les voyages effectués sont ceux que l’on mérite. Seul, le lecteur détient le pouvoir de donner le signal à cette révolution culturelle en changeant ses réflexes et en explorant allègrement. Pour l’instant le Net, est synonyme de joyeux bordel. Des écrits fleurissent sur des blogs ou des revues en ligne. Il y a des instants de grâce mais aussi de véritables inepties. Qu’importe ! L’important est, que des gens s’expriment et échangent. La possibilité de pouvoir découvrir des auteurs en ligne par le biais de nouvelles en copyleft, permet également de mesurer son attrait pour une forme de littérature testée en ligne et qui sait ?... être épinglé par une révélation.
Notes :
Cette interview a été réalisée en janvier 2006 pour le magazine : LA PRESSE LITTERAIRE N°2 ![]()
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mardi 2 - 17h03
de : Roberto Ferrario
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mardi 2 - 15h53
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mardi 2 - 10h20
de : Hervé Fuyet
3 commentaires
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lundi 1er - 17h41
de : joclaude
1 commentaire
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lundi 1er - 16h59
de : Secrétariat du Secours Rouge International
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lundi 1er - 12h06
de : joclaude
2 commentaires
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lundi 1er - 11h34
de : joclaude
2 commentaires
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dimanche 28 - 16h19
de : jean1
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samedi 27 - 17h54
de : joclaude
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vendredi 26 - 19h13
de : André
1 commentaire
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vendredi 26 - 19h08
de : Hdm
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vendredi 26 - 15h36
de : joclaude
1 commentaire
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vendredi 26 - 14h40
de : joclaude
1 commentaire
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vendredi 26 - 11h12
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jeudi 25 - 22h31
de : Coordination Nationale des Collectifs d’AED
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mercredi 24 - 21h31
de : jean1
1 commentaire
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mercredi 24 - 21h02
de : Pangolin Malencontreusement Offensé (PMO)
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mercredi 24 - 19h21
de : jean1
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mercredi 24 - 16h49
de : joclaude
2 commentaires
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mercredi 24 - 16h29
de : joclaude
2 commentaires
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mercredi 24 - 16h18
de : joclaude
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mardi 23 - 18h50
de : jean1
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mardi 23 - 18h03
de : Stéphane Paturey et Olivier Blandin (anciens secrétaires du syndicat)
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mardi 23 - 17h36
de : joclaude
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mardi 23 - 15h17
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mardi 23 - 10h58
de : joclaude
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mardi 23 - 10h31
de : joclaude
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mardi 23 - 00h12
de : CS de l’InSHS
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lundi 22 - 18h15
de : Roberto Ferrario
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lundi 22 - 16h42
de : joclaude
1 commentaire
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lundi 22 - 13h11
de : TGTE media France
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lundi 22 - 12h38
de : Frank
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dimanche 21 - 17h05
de : joclaude
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dimanche 21 - 15h39
de : nazairien
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dimanche 21 - 08h58
de : UJFP
2 commentaires
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samedi 20 - 15h37
de : joclaude
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vendredi 19 - 13h56
de : azard
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vendredi 19 - 13h16
de : Bharathi CCFT
2 commentaires
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vendredi 19 - 11h52
de : joclaude
1 commentaire
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jeudi 18 - 17h17
de : joclaude
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